Pourquoi n’y-a-t-il pas de listes “Débat Citoyen” aux municipales ?

De nombreux observateurs nous ont demandé, et nous demandent encore aujourd’hui pourquoi l’association Débat citoyen, qui prétend porter bien haut des valeurs démocratiques et qui fait quotidiennement la promotion de la démocratie locale n’a pas présenté de liste à Couches, ou ailleurs,  pour les municipales 2020. Cette question a déjà été traitée mais il ne nous paraît pas inutile, à l’approche du premier tour de scrutin, d’en renouveler ici la réponse.

Le mouvement citoyen s’est effectivement posé la question, dans l’été 2019, de savoir sil fallait ou non présenter des listes aux élections municipales de 2020. Notre action en faveur du municipalisme démocratique qui vise à faire adopter par les conseils municipaux des pratiques participatives durables, notamment par l’installation d’assemblées citoyennes locales permettant la consultation de la population lors des décisions importantes, pouvait sembler compatible avec la conduite de listes inscrivant précisément ces mesures dans leurs programmes. La réalité des débats internes a montré que cette stratégie était de nature à introduire une confusion dans l’esprit du public entre l’action citoyenne apolitique et l’action politique politicienne. Car il est un fait que toutes les listes municipales “dites apolitiques” ne le sont pas dans la réalité et que les électeurs, d’ailleurs, ne s’y trompent pas. De plus, notre transformation putative en tant qu’acteur de la démocratie représentative apparaissait contradictoire avec notre action de promotion de la démocratie participative. Dès lors, il n’était pas possible d’avoir un pied dans chaque camp à la fois.

Mais le plus déterminant, c’est que nous ne croyons pas à une évolution démocratique venant du haut, c’est à dire une impulsion donnée par le pouvoir représentatif lui-même pour partager une partie de ses attributions avec le peuple. Nous considérons, au contraire, que les avancées vers une prise en compte au quotidien de la volonté populaire par le pouvoir local, ne se fera que par l’action citoyenne et par la pression légaliste qu’elle exercera sur ce même pouvoir.

Comme dit le proverbe, les forces vont jusqu’au bout de leurs forces et ce n’est que par l’action citoyenne constante et infatigable, que nous obtiendrons du pouvoir local qu’il consente à prendre en compte notre projet d’assemblée citoyenne locale et qu’il adopte la charte éthique communale dans sa pratique régulière.

Association Débat Citoyen

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2 réponses à Pourquoi n’y-a-t-il pas de listes “Débat Citoyen” aux municipales ?

  1. JMM dit :

    Bonsoir,

    Je lis avec intérêt vos textes et dans ce dernier je ne peux m’empêcher de noter 2 incohérences :

    – L’action citoyenne qui vise à critiquer l’autorité mise en place pour gérer la cité par un système démocratique ne peut être défini comme “apolitique”.

    – La politique c’est l’organisation d’une cité. En faisant la promotion d’une assemblée citoyenne locale pour faire des propositions sur l’organisation de Couches, vous faite de la politique.

    Je me permet également d’exprimer un avis sur cette phrase : “c’est que nous ne croyons pas à une évolution démocratique venant du haut” :

    je reconnais la logique de votre argument et vous félicite pour votre cohérence. Mais pour moi cette position marque un certain manque de courage car à tout moment une proposition d’organisation de la cité nécessite l’approbation de ces habitants . En vous soustrayant au vote aujourd’hui, vous empêchez les Couchois de valider votre projet et décider individuellement que votre projet est bon pour Couches.

    De même, dans vos colonnes, un de vos lecteurs se plaint de rester “avec des représentants aléatoires, élus faute de candidats, maintenu faute de concurrence?” pour justifier la mise en place d’une “démocratie pure”. La “concurrence” ou plutôt la possibilité pour les Couchois d’avoir un choix était à votre porté. L’action citoyenne et courageuse aurait été de lui offrir.

    Je vous laisserai sur cette citation “Le meilleur moyen d’obtenir l’abrogation d’une mauvaise loi est de l’appliquer dans toute sa rigueur.”

    Au plaisir de vous lire.

    JMM

    • Christian Laurut dit :

      Merci pour vos commentaires qui ouvrent un champ de débat intéressant et auxquels je me permets d’apporter les corrections suivantes :

      – Sur le sens du terme “politique”, que vous définissez comme “l’organisation de la cité” : pourquoi pas, dans la mesure où le mot politique (comme d’ailleurs nombre de notions globales employées aujourd’hui) n’a pas de définition indiscutable. Mais je préfère celle-ci : faire de la politique c’est proposer un modèle d’organisation sociétale basé sur un certain nombre de valeurs humaines justifiant des options législatives (édiction de règles abstraites) et des commandements opérationnels (modes d’actions de l’exécutif) déterminés. En termes clair, faire de la politique c’est suggérer au pouvoir en place, des actions concrètes pour influer sur la vie des gens. De ce point de vue, notre action est donc bien apolitique puisque nous ne proposons pas de mesures concrètes, mais uniquement une modification des procédures qui permettent de prendre ces mêmes mesures concrètes. Plus précisément, notre action vise à faire en sorte que les décisions importantes soient prises en concertation avec les citoyens, sans préjuger du contenu de ces décisions, ce qui, à notre sens, définit parfaitement la démarche “apolitique”.

      – Sur notre stratégie d’une “évolution démocratique venant du bas et pas du haut”, notre refus de nous présenter aux élections n’est pas une question de manque de courage (comme vous le suggérez) mais une question de fermeté sur les principes, dont le principal est celui qui consiste à peser sur la représentation pour l’obliger à composer avec la population. Dit autrement, notre vocation n’est pas d’endosser les habits de la représentation pour mettre sur orbite des mandataires vertueux chargés d’installer la démocratie de leur propre initiative, mais de stimuler la masse des citoyens pour faire plier le groupe oligocratique en place, quel qu’il soit.

      – Sur votre citation finale “Le meilleur moyen d’obtenir l’abrogation d’une mauvaise loi est de l’appliquer dans toute sa rigueur”, je serais également très réservé car elle me paraît relever plutôt d’une formule séduisante que d’une réalité constitutionnelle. Ma principale critique de cette citation porte sur la subjectivité de la locution “mauvaise loi”. En effet, il n’y a pas de “bonne” ou de “mauvaise” loi, il n’y a que des lois décidées par une minorité des citoyens (qui sont par principe “mauvaises”) et des lois décidées par une majorité des citoyens (qui sont par principe “bonnes”). Ceci confirme encore notre option procédurale (ou principielle) et pas “politique”.

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