En route vers le Grand Sommeil Démocratique ?

Le 15 mars prochain, c’est à dire dans moins d’un mois, une chape de plomb risque de se refermer sur la vie citoyenne à Couches et ailleurs, avec la remise des affaires de la cité entre les mains d’un groupe restreint, voire d’une seule personne par acceptation tacite de ses membres consentants. Sera-ce le début d’un long sommeil de six longues années, au cours desquelles les décisions les plus importantes pour le niveau et les conditions de vie de l’habitant de la cité  seront prises sans partage dans le cénacle confiné d’un comité approbatif par défaut ? Combien de fois encore l’immuable litanie : “Qui est contre ? Qui s’abstient ? Je vous remercie ?”… va t-elle résonner dans cette maison du peuple confisqué. Que peuvent donc faire les citoyens de base, entre chaque échéance sexennale où ils ne sont conviés qu’à mettre un bout de papier dans une urne et donner les pleins pouvoirs à une équipe exonérée de l’obligation de se conformer aux éventuels engagements qu’elle aurait pu prendre vis à vis de ses électeurs, par l’article 27 de la constitution elle-même. Autant dire que les règles du jeu ainsi posées ne laissent pas d’autre possibilité au citoyen de base que celle de faire un chèque en blanc au candidat, quel qu’il soit. Car en définitive, la question n’est pas de savoir si le candidat Untel ou la candidate Unetelle sera un bon ou mauvais maire, mais plutôt celle de savoir si le citoyen-électeur est d’accord pour déléguer son pouvoir souverain, les yeux fermés, pendant six longues années à un comité restreint dont il ne sait finalement pas grand-chose.

Cette délégation de pouvoir pourrait sembler légitime en vertu du principe de subsidiarité qui énonce qu’une autorité centrale (le conseil municipal) est fondée à effectuer les tâches qui ne peuvent pas être réalisées à l’échelon inférieur (les citoyens), mais cette adhésion emporte néanmoins deux réserves :

  1. Le pouvoir central ne devrait pouvoir effectuer que les tâches qui ne peuvent pas l’être par le niveau inférieur, ce qui signifie que ce n’est pas au conseil municipal d’effectuer des tâches que  la société civile peut effectuer elle-même.
  2. La société civile devrait pouvoir contrôler certains actes de la représentation, comme par exemple la fixation des prélèvements obligatoires et l’engagement des fonds issus de ces prélèvements dans des budgets annexes.

Ces deux missions devraient pouvoir revenir  aux habitants de la cité, par l’intermédiaire notamment des Assemblées Citoyennes Locales, complément indispensable à l’exercice solitaire du pouvoir par le conseil municipal. Et c’est précisément le rôle des citoyens d’actionner ces deux leviers pendant toute la durée de la mandature, afin de se tenir éveillés et ne pas sombrer dans le Grand Sommeil Démocratique.

Paul Turual

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