Autour du 11 novembre

Par Jean-Louis Ruck

La Der des Ders ! … la dernière… Vous y croyez, … vous? …. moi, Non!

La Première Guerre mondiale a commencé il y a à peine plus de 100 ans, le plus grand bain de sang de l’humanité, la plus sanglante des boucheries humaines de l’Histoire et à une échelle jusque-là jamais atteinte.

Quelques chiffres : à Ypres, en Belgique, 13.000 morts en trois heures à peine, pour avancer de 100 mètres ! Le premier jour de la bataille de la Somme, 60.000 victimes sont tombées. En six jours jusqu’à trois millions d’obus! …résultat : on compte des deux côtés, plus de 1.100.000 hommes fossoyés. Juste un bilan, quand même de dix millions de morts et plus de dix millions de blessés graves!.…Tragédie de l’Histoire humaine!

Pourquoi ces millions de travailleurs, pourquoi ces dizaines de milliers de jeunes conscrits issus des classes ouvrières et paysannes ont-ils fait les frais de ces pertes, pourquoi tous ces innocents à la mégalomanie des possédants et de leurs valets, pourquoi tous ces innocents ont-ils été envoyés à la mort dans l’horreur des tranchées?

Un triste anniversaire que l’on nous a rappelé, et qui figure inexorablement en bonne place dans nos médias, … vous savez ces chers échos de notre beau système représentatif,
qui saisissent comme à chaque fois la balle au bond pour nous revacciner, une fois de plus, pour être vraiment sûr d’ailleurs que l’on comprenne bien, que nos jeunes générations le comprennent encore mieux que nous (puisqu’on leur fait même lire maintenant), … que nos vies ne tiennent qu’à un fil face à la grandeur des enjeux qui nous gouvernent!

…Eh oui, car pour ceux qui nous gouvernent, nos vies ne représentent rien, nous ne sommes rien, juste de la masse charnue utilisés pour leurs grandes manoeuvres.

Alors … pour quoi?, …. pour qui? pour quelle raison nos aïeux sont-ils morts réellement?
« …Pour la France, pour défendre nos valeurs » répond Macron dans son discours, …. quelles valeurs d’ailleurs!

« …Celui qui meurt pour la France ne meurt pas en vain » quel déchirant requiem ! … tout autant en gloire qu’en douleur! Et Présidium Macron de continuer : « …Nos morts vivront tant qu’il y aura des vivants pour penser à eux » …. belle lapalissade!

Puis encore une « …La France leur est reconnaissante » Tiens donc? …..la reconnaissance maintenant, où est cette reconnaissance mis à part dans les discours? …

Je n’ai qu’une question en retour à ces inepties: … Meurt-on réellement, pour sa patrie? … que chacun se la pose avec honnêteté!

Si le meurtre de l’archiduc a peut-être été le prétexte pour libérer les chiens de guerre, les véritables causes sous-jacentes sont à chercher ailleurs. Préparée par l’expansionnisme économique qui avait dominé les 50/60 années antérieures, la guerre a éclaté en tant que lutte massive pour la défense des intérêts économiques entre grands industrielles de part et d’autre du Rhin, pour la perte de l’Alsace et de la Lorraine par les français, mais surtout pour ce vice de possession, pour cette hystérie d’accroître toujours et encore l’exploitation des peuples, pour assurer l’approvisionnement en matières premières source des grandes fortunes et grands profits, pour valider et assoir concrètement la domination sur les marchés et sur l’appropriation des colonies.

Et tout cela avec un certain prestige et orgueil général des possédants quant à la prise de conscience qu’ils pouvaient dorénavant maitriser à la fois le pouvoir politique et le pouvoir financier. Il était donc temps de valider tout cela avec la remise à plat d’une « bonne guerre »!.

Voilà donc la réalité, celle que l’on ne lira jamais dans aucun livre d’histoire, de cette période présente de l’humanité que l’on nomme « l’ère industrielle, et maintenant le néolibéralisme, la mondialisation, ou la globalisation».

Les premières ruptures décisives avec ce monde basée sur l’unique profit et l’exploitation, que dis-je, le pillage de la planète qu’est le capitalisme, est venue avec Marks, puis la Révolution russe de 1917.  Mais dès 1914, des soldats et des matelots prennent conscience de la duperie et s’opposent à ces guerres des nantis, des mutineries éclatent dans les armées françaises, britanniques, mais le système et ses historiens à la botte, ne vous en parleront jamais et tairont ces sujets.

Près de la moitié des divisions d’infanterie française sur le front occidental se sont révoltées en 1918, inspirées par la révolution russe. S’en suit : 3400 soldats ont été envoyés en Cour martiale. Le saviez vous ? Tout cela, toute cette répression pour défendre simplement leur droit à ne pas être sacrifié au nom du « Grand Kapital », pour ne plus être juste la chair à canon des oligarchies qui se partagent le monde.

Juste encore ces témoignage autant poignant que cinglant du désir de liberté de l’humanité : En août 1917, une mutinerie a éclaté à bord du cuirassé allemand Prinzregent Luitpold, stationné dans le port de Wilhelmshaven. Quatre cents marins ont débarqué à terre et ont rejoint une manifestation réclamant la fin de la guerre.  Le 3 novembre 1918, la flotte s’est mutinée à Kiel et a hissé le drapeau rouge, déclenchant une vague révolutionnaire dans toute l’Allemagne.

On ne m’a jamais appris ça dans mes livres d’histoire ! Que les peuples aspiraient à la paix, mais que les possédants voulaient la guerre !

Le quotidien britannique “The Indépendant” a récemment publié une lettre émouvante envoyée par un jeune matelot allemand, Albin Kobis, à ses parents : « J’ai été condamné à mort aujourd’hui, le 11 septembre 1917, moi-même et un autre camarade; les autres en ont été quitte pour 15 ans de prison. (…) Je suis un sacrifié pour l’aspiration à la paix, d’autres vont suivre. (…) Je n’aime pas mourir si jeune, mais je vais mourir en maudissant l’Etat militariste allemand, sous entendu, « l’état capitaliste allemand ».

N’est-ce pas au travers de ces grands témoignage que l’on se rend compte de la perfidie du système dans lequel nous vivons depuis deux siècles …. Que les beaux discours, que l’on nous fait ne sont que du vent, du mensonge pour nous canaliser et formater nos esprits à être vassalisés par les dominants.

À l’exception de la Russie, ces mouvements massifs de revendication contre le grand capital n’ont pas encore abouti à ce que les classes ouvrières, paysannes et le peuple tout entier, puissent prendre le pouvoir et s’y maintenir. La fin de la guerre 14/18 a validé en fait cette domination mondiale des forces de la puissance impérialiste. La montée du nazisme, le triomphe du fascisme et d’Hitler en 1933, soutenu par la grande finance comme toujours (car avec une “bonne guerre” on devient plus riche) a conduit une fois de plus à une grande purge avec l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale en 1939.

L’ancienne Union soviétique, l’URSS, s’est finalement présentée comme une monstrueuse caricature de cette tentative de vivre équitablement du bien commun. Le profit pourrait-il appartenir à tous plutôt qu’à quelques familles, le système capitaliste est incapable d’accepter cette idée tant qu’il aura le pouvoir! Ces puissances impérialistes, sous le couvert de la haute finance, se sont unies pour ce grand sabotage contre l’ennemi commun communiste dont le système social alternatif au leur, les aurait contraint à partager enfin les richesses entre les hommes.

La concentration de l’économie sur les 200 familles qui gouvernent le monde, a atteint aujourd’hui un niveau sans précédent, cela nous révelle à quel point, sous ce capitalisme, les forces productives ont dépassé le cadre des Etats-nations, et nombreux sont ceux qui se demandent si une nouvelle guerre mondiale est possible, histoire de faire le ménage une fois de plus.

La perspective de conflits et de guerres est bel et bien posée en cette ère de crise capitaliste, de lutte pour les marchés et pour la main-mise sur les ressources de la planète de plus en plus limitées. Pourtant, la crainte de bouleversements sociaux, religieux et/ou révolutionnaires, l’existence de petits conflits ça, et là, épars et sans tendance, quoique…! et pour l’instant encore locaux et non rassemblés, empêche, à court terme, le déclenchement d’une prochaine guerre généralisée. Ces événements agissent temporairement comme des « pare-feu (pare-guerre) » décisifs sur les dirigeants qui ne voient pas encore tout à fait comment peut évoluer la situation.

Ce qui est en tout cas certain, c’est que ce constat de les dures réalités de la misère et de la souffrance actuelle des peuples, illustre bien qu’elles ne sont que la résultante et la sanglante conséquence du système actuel, de ce capitalisme qui ne peut exister et prospérer que si l’exploitation outrancière de l’individu est maitrisée et accepté par lui. Si le capitalisme et l’impérialisme ne sont pas vaincus, si le désir de liberté de chacun est en permanence étouffé, sûr que nous seront éternellement les « boucs-émissaires » de nouveaux conflits encore plus horribles, et toujours au bénéfice de cette oligarchie gouvernante.

Les leçons de la boucherie de 1914-1918 doivent être tirées. Nos dirigeants ne le feront pas ou avec le mensonge habilement démagogique des discours de circonstance .… Le peuple devra prendre conscience et enfin imposer cette nécessité de disposer d’un nouveau système d’organisation sociale et démocratique, collectif, propre à l’ensemble de citoyens responsables, libres et indépendants. Seule une lutte collective, législative et pacifique, reste l’alternative réaliste à ce capitalisme guerrier, lutte qui est aussi cruciale aujourd’hui qu’en 1914 pour éviter un nouveau bain de sang à moyen terme.

Seul ce nouveau monde, plus collectif, basé sur une planification démocratique d’économies régionalisées avec un tissu social reconstitué ou chacun a sa place, est l’alternative au modèle de la pensée unique, sans vision positive, que l’on nous impose chaque jour, modèle de société avec toujours intérêts oligopolistiques et non partagés, raisons d’être machiavéliques de ce capitalisme irrespectueux de l’individu, et organisateur de nos conflits.

…La Der des Ders ! … la dernière… Vous y croyez, … vous? …. moi, Non!

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